Février 2021
Il y a un an, la très honorable Michaëlle Jean, 27e gouverneure générale du Canada et la 3e secrétaire générale de la Francophonie visitait pour la première fois l’école publique secondaire francophone Michaëlle-Jean qui porte son nom.
Elle a rencontré les parents du Conseil d’école et la Société de parents, y compris les conseillers publics élus à huis clos. Ibrahim Karidio, ancien président du Conseil d’école, lui a dressé l’historique de l’école depuis ses origines, y compris les accomplissements scolaires et les défis que l’école a traversés pour l’acquisition d’un nouveau bâtiment. Chantal Londji Dang, vice-présidente, lui a demandé comment sa fondation pouvait collaborer avec la seule école secondaire francophone du grand Edmonton .
Après, elle s’est dirigée vers le gymnase, escortée par la directrice, madame Sylvie Dassylva et quelques élèves membres du conseil des étudiants Phénix où l'attendaient tous les élèves. M. Christophe Nayet, président du Conseil de l’école, lui a souhaité la bienvenue par un discours dans lequel il a souligné que l’école Michaëlle-Jean était unique. "Unique, car nous sommes la seule école secondaire francophone publique de l’immense région couverte par le Conseil scolaire Centre-Nord. Unique aussi de par sa richesse culturelle.” Pour conclure, M. Nayet a poursuivi “Notre école, n’est pas seulement une école mais une maison pour tous nos élèves. Votre présence ici nous fait chaud au coeur: vous nous avez entendu et vous nous reconnaissez.”
En réponse, madame Jean a rassuré les parents qu’elle serait toujours au côté de l’école pour profiter de la stratégie pour convaincre, et faire en sorte que les projets de l’école Michaëlle-Jean aboutissent. « Vous trouverez en moi une alliée. Et ça, pour toujours » a-t-elle rétorqué. Une déclaration qui avait suscité des applaudissements dans le gymnase.
Ayant fréquenté une école publique elle-même à Montréal, elle s’est adressée aux élèves en soulignant que c’était un honneur et un privilège infini de son vivant de pouvoir parler à des jeunes fréquentant une école portant son nom.
Ensuite, elle a ajouté : «quand on parle le français, c’est pouvoir rejoindre 300 millions de personnes à travers le monde; qui est la 2e langue de travail après l’anglais aux Nations-Unis. Ce qui s’ouvre à vous c’est une double chance et peut-être trois fois, quatre fois plus de chance; parce que chaque langue compte. »
Forcée de quitter son pays natal Haïti à 11 ans avec sa famille pour échapper à la répression du gouvernement de Jean-Claude Duvalier, son parcours, comme réfugiée, ressemble à celui de certains parents de l’école Michaëlle-Jean qui ont trouvé une vie meilleure au Canada.
Sa visite coïncidait avec le mois de l’histoire des Noirs et elle en a profité pour glisser un mot à cet effet et a lancé:
Quelle histoire sommes-nous? D’où venons-nous? « C’est une question de reconnaissance, de justice et de développement. Il y a des chapitres dans l’histoire qui ont été terribles et pendant tous ces siècles, l’esclavage est devenu un système économique pratiqué par des empires coloniaux, de cela, il faut se souvenir parce que ça laissé des traces pendant des siècles » a-t-elle fait remarquer.
Rappelant un point marquant de l’histoire haïtienne et de la révolte des esclaves, elle a souligné que «Haïti est le premier lieu dans l’histoire des colonies européennes à travers le monde où les esclaves se sont rebellés, ont remporté cette victoire, et ont consacré et ont proclamé la république d’Haïti, qui est devenue la première république des Noirs dans l’histoire de l’humanité »
Se référant à la misère qui frappe Haïti depuis sa création, elle ajouté qu’Il n’y avait pas de petit peuple ni de grand peuple, plutôt des peuples courageux avec des grandes idées. Selon elle, les pays d’Amérique Latine n’existeraient pas sans l’apport de la mobilisation d’Haïti qu’elle a décrit « des plus pauvres des pauvres » qui se sont mobilisés au nom de la liberté, de l’égalité et la fraternité.
Sur la question identitaire, Mme Jean a souligné que l’identité est une question des droits humains car la reconnaissance des droits linguistiques des personnes, c’est les reconnaître de manière pleine et entière.
Les élèves lui ont posé quelques questions du choix de sa carrière comme journaliste.
Elle a répondu que chaque métier qu’elle a exercé a fini par déboucher sur un autre. Lorsqu’elle enseignait l’italien à l'Université, les étudiants sont arrivés dans son cours croyant qu’ils s’étaient trompés de salle. Elle a commencé à leur parler en Italien pour les rassurer et ce, à leur grande surprise.
À la fin de sa visite, l'école lui a remis le chandail des Phénix, son nom en bois créé par les élèves en menuiserie et son portrait dessiné par Mariam Sharaf, élève et présidente du conseil des étudiants.
Sa visite s’est terminée par un déjeuner avec les parents et le personnel administratif de l’école qui en ont profité pour prendre quelques photos en souvenir de cette visite mémorable.
Chantal Londji Dang, Vice-présidente du Conseil de parents
Voir les photos de la visite au lien suivant.